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Mulch de lauzes

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paillage avec des pierres plates

Dans les invariants de la permaculture, il y a l’idée de réutilisation systématique, ainsi que l’idée qu’une seule et même chose a de multiples utilités, non seulement dans le temps, mais même simultanément.

Entre le mur de l’atelier et les planches surélevées que j’ai double-bêchées l’année dernière, il y avait un stock de lauzes pourrissantes –les laissées pour compte de la dernière toiture. En passant là par hasard, je me suis rendu compte que si je les laissais encore deux semaines, elles seraient totalement enfouies sous les ronces et les orties, et elles me gêneraient pour préparer la troisième planche, celle qui s’appuiera contre le mur pour les cultures qui demandent le plus de chaleur. Il fallait donc que je me dépêche de les mettre ailleurs.

Le réflexe occidental, c’est de trier les lauzes entre les pourries et les bonnes, de ranger les bonnes, et de jeter les pourries dans une benne ou un chemin. En plus du coût de manutention et de transport, cela m’aurait pris plusieurs heures. Or j’avais autre chose à faire. Le réflexe du permaculteur, c’est de trouver comment réutiliser au mieux ces pierres avec le maximum d’utilité pour le minimum de travail.

A un mètre de l’enchevêtrement de lauzes, il y avait donc la planche double-bêchée où avait poussé le maïs de l’année dernière. Comme j’avais planté le maïs très clair pour laisser de la lumière aux courges butternut qui poussaient en dessous, les tiges séchées étaient nettement insuffisantes pour pailler efficacement le sol. Je me suis rendu compte que si je laissais le sol nu encore deux semaines, il me faudrait greliner à nouveau (et donc enlever puis remettre l’irrigation). Je préférais m’éviter ce travail.

Il ne fut alors pas difficile de connecter les deux besoins : les lauzes du tas sont allées en paillage sur la planche voisine. Pas de brouette, pas de benne, pas de tri (il sera toujours temps de récupérer les bonnes lauzes plus tard). La planche est ainsi protégée par cinq centimètres de pierres plates, qui empêchent la battance de la pluie, évitent la germination des herbes, limitent l’évaporation, réchauffent le sol, hébergent les limaces (mais aussi les araignées), et dissuadent le grattage. En dix minutes, j’ai donc fait d’une pierre trois coups : débarrassé le tas de lauzes, évité le transport du rebut, et évité d’avoir à bêcher la terre de la planche. Ceci représente peut-être un gain de temps de deux ou trois heures. J’aime la permaculture.

Apparemment, les paillages de pierres (lithic mulch) sont utilisés traditionnellement dans certains endroits du monde, en particulier dans les zones arides, ventées et avec de fortes amplitudes thermiques. La pierre protège de l’évaporation, de l’érosion par la pluie et le vent, et son inertie thermique réduit les écarts entre les maximales et les minimales.

Quand il me faudra planter, j’écarterai les lauzes par endroits. Et si les lauzes sont trop chaudes au soleil en été, je pourrai toujours mettre des tontes de gazon par dessus.


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